On nous a parfois posé la question et on se l’est aussi souvent posée, quand les chaussons font mal au pied, quand le rocher fait mal aux doigts ou simplement quand on avait tellement rien à glander qu’on se permet une petite séance d’introspection…
Mais pourquoi on grimpe ??
Alors, on pourrait vous parler de la beauté de la gestuelle, de l’allégorie de l’élévation vers le sommet, du dépassement de soi, du sentiment de satisfaction et de fiérté qui nous emplit quand on sort une voie challenge, etc.. Bref, on pourrait être pompeux.
Alors, plutôt que d’être pompeux, on a décidé d’y aller plutôt par élimination en vous racontant une petite histoire. C’est un peu original, mais soyez patients (de toute façon, vous n’avez rien d’autre à faire, si vous êtes tombé sur ce billet c’est que vous vous faites chier au taf et qu’il n’y a rien d’intéressant sur facebook).
Alors, je vous avais promis une histoire. Et bien ce ne sera ni « il était une fois », ni « c’est l’histoire d’un mec qui… » mais on vous le promet, c’est arrivé pas si loin de chez vous. Donc, une histoire. Celle de rantanplence et de son dévoué compagnon (là vous aurez compris qui écrit). J’aurais pu commencer par vous raconter l’histoire de « Rantanplence cherche une voie dans le maquis », mais pour vous épargner une longue (comme l’approche) et pénible (comme l’approche) introduction (de nos jours, on aime le « direct », le « tac-au-tac », le « 5 minutes douche comprise »), on va directement passer à Rantanplence part marcher deux jours à la montagne. Cela se passe en Corse, dans le pays du maquis qui sent bon (de loin), du fromage qui sent pas bon (de près ou de loin) et des sentiers (parfois) bien marqués.
Vous voulez connaître la suite ? Oui ? Ok, alors tous en coeur : « tonton Val, raconte-nous encore l’histoire de Rantanplence à la montagne !!! »
Bien, je le fais, mais c’est pour vous. Donc. Rantanplence planifie une jolie randonnée sur deux jours avec un petit bivouac près d’un lac de montagne rafraichissant et idyllique, pour se relaxer après plusieurs jours de grimpe plus ou moins intenses et de chaleur qui vous donne envie de respecter les interdictions de faire du feu. Cela commence plutôt bien, puisque Rantanplence trouve le parking du premier coup et le sentier de même. Ne m’étant intéressé que d’un oeil à la chose jusque là, je regarde les panneaux. Refuge de la Sega : 5h. Je demande : « le lac, il est près du refuge ? ». « Non, non, il est un petit peu plus loin. » (c’est à cela qu’est bon la planification sur les cartes touristiques au 60’000, rien n’est jamais très « loin »). Un peu stressée par ma remarque, Rantanplence met les bouchées doubles et on arrive au refuge en 3h30. Bon, ça c’est fait. Je regarde à nouveau les panneaux, lac de Nino : 5h… Bon, on est venu pour marcher alors on y va. On demande juste, au passage, au refuge si on risque de se prendre la flotte sur la gueule, puisqu’ayant eu le choix dans la date (spécial dédicace Oli), Rantanplence à pris le plus gros créneau météo de mauvais temps du trip (sinon, « y a pas de challenge » ndlr). R (pour les intimes) reprend son rythme de caporal en mode « blitz krieg » et on arrive au fameux lac, sésame du bivouac en amoureux, 3h30 plus tard (au moins on est constants…). Cela aurait été un super spot bivouac s’il n’y avait pas eu un ENORME panneau « Interdiction formelle de bivouaquer » (avec menaces de patrouilles de gardes forestiers, etc…). C’est pas grave, j’ai pas mal aux genoux (je suis d’un naturel chétif). A la question stupide : « euh, on fait quoi », la réponse censée : « ben, comme on a plus de flotte, on marche jusqu’à la prochaine source, sauf si tu veux boire du jus de têtards ». Youpi ! on s’embarque alors sur un « raccourci » sur la variante alpine du GR20 avec descente de pierrier (un topo aurait dit « malcommode »). Lisière de forêt, on croise une dalle rocheuse « àpeuprèsplate » au bord d’un ruisseau. Il est 19h, on s’arrête pour construire le mur des « pinzutu » qui va nous protéger du vent qui forcit. C’est un peu comme les douze travaux d’Astérix à Alcatraz, sauf que ya pas besoin de casser les gros cailloux avant de les déplacer. On a eu tout juste la mention « bien » avec une réduction, mesurée au mouchoir qui flotte, de 40% de l’intensité du vent. Bien un ptit lyoph et au lit.
4h du mat’ : réveil sous la bruine, antidouleur pour les genoux, pliage de bivouac en laissant une marque indélébile, presque nuragique, de notre passage. On a dormi « super bien ». Descente vers le tracé du « Mare e Monti » nord, tout proche… qu’on ne trouvera jamais (sur la carte, il suffit de suivre LA piste forestière vers le nord, de passer une rivière (petite, c’est le printemps) et de suivre les marques oranges). Heureusement, il nous reste un soupçon de capacité d’orientation et la carte aux 60’000 nous indique de manière claire qu’en suivant la nationale, on a une chance de s’en sortir (bon, ya 20km tout de même). Pittoresque, mais à plat ! Arrivée triomphante dans le bled tant attendu, après moult tentatives ratées d’auto-stop, dans lequel on nous indique que le service de bus pour Corte est bien disponible… A partir de la semaine prochaine ! Ah, c’est con ça… Une grosse série de petits pains au chocolat et à l’huile de palme plus tard, alors qu’on range les pouces pour remettre les sacs sur l’épaule histoire de retourner au refuge de Sega (c’est pas si loin sur la carte et il me reste des anti-douleur), enfin, une âme châritable (presque corse) nous octroie un lift jusqu’à Corte. Enfin, bref, on a été randonner.
Alors, pour en revenir à mon propos de départ, pourquoi est-ce qu’on grimpe ? hein, pourquoi ? Je vous le demande…
Et pour que vous ayez un petit susucre, voilà quelques images de la dernière voie que l’on a faite à Bavella : « Acqua in Bocca » sur les très fameuses « Teghie Lisce ». Il n’est pas tout à fait impossible que les deux longueurs de renfougne « monte les pieds / j’peux pas j’suis coincé » et la longueur de dalle « ils font du nettoyage ?, parce qu’ils ont enlevé toutes les prises… » ne soient pas étrangères à la décision unilatérale de Florence de me faire découvrir les joies de la balade « tranquille » en « moyenne » montagne. J’adore. Maintenant c’est fini ces conneries, on prend le ferry, on va au Verdon. Ya pas de marche d’approche…
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