Ce week-end là, c’est un peu l’histoire : « Mickey et Minnie partent faire de l’escalade au pays des Bisounours ». Je m’explique.
A l’annonce d’un superbe week-end au temps carrément stable et encore chaud pour la saison, on décide d’en profiter pour aller faire ce qui pourrait bien être une des dernières sorties de grimpe sur granite, un peu en altitude. Au programme : montée au Grimsel pour une voie à l’Eldorado histoire de se chauffer, puis après un bivouac moult sympathique peu après le col de la Furka, on engage un peu plus le gras dans une voie en fissures sur le Chli Bielenhorn. Grosse excitation à la maison dans les préparatifs du sac et de la voiture et nous voilà lancé vendredi soir au quart de tour sur la route direction le Grimsel.
Tout se déroule bien, circulation fluide, bonne humeur, on a des spaghettis pour tenir un siège de 6 jours au moins (on sait jamais, d’un coup qu’il y ait des crevasses sur l’autoroute…). Chemin faisant, nous arrivons la nuit tombée sur la route qui mène à Meiringen. Et là… C’est le drame.
« Dis, ils mettent souvent le nom des cols en rouge sur les panneaux ? »
« Ben, seulement quand ils sont fermés… »
« Ah. Ben on est pas dans la merde alors. »
« Epic fail » digne d’un « Darwin award » de la grimpe dans l’élément le plus essentiel de toute course : sa préparation… Tellement au taquet pour aller grimper qu’on a même pas pensé à regarder les dates de fermeture des cols… Têtus comme des possums australiens, on se décide à pousser quand même le plus loin possible, « histoire de voir si on ne nous ment pas… », mais c’est hélas bel et bien fermé et l’on finira par poser la voiture sur un parking pas si dégueu au bord de l’eau, un peu avant Handegg. Tout en essayant de faire diminuer quelque peu la gargantuesque portion de spaghetti qui nous accompagne, on fouille la voiture à la recherche du topo salvateur qui nous proposera une alternative viable. Heureusement, comme la voiture n’est jamais vraiment rangée, on y trouve un peu n’importe quoi et même parfois des choses utiles. C’est décidé, tant pis pour le granite, on ira se planquer au-dessus de Kandersteg dans l’Ueschenental, paraît que c’est joli, pis c’est au soleil.
Au petit matin, cap sur Kandersteg. Village immuable devant l’éternel, c’est petit chalet, géranium et bovin paisible. Tout au fond du village, la route s’enfile dans un vallon improbable sous l’oeil des grandes du coin,l’Altels, la Balmhorn et toutes ses copines.
« Pis sinon, tu veux grimper quoi aujourd’hui, ma belle? »
La beauté des voies, leurs cotes, c’est une chose, mais parfois et même souvent il y a les noms qui y sont associés. On avait le choix entre « Famillie Route », « Hasefuess », « Baumroute » ou…. « Hakuna Matata ». D’un coup, d’un seul, je me suis vue grimper avec Pumba. La chanson du Roi Lion en tête, on trottine sur l’insurmontable marche d’approche (30 min presque pas plat, pour un grimpeur, c’est chaud cacahuète!).
Apparemment, Hakuna Matata, en swahilie, devrait signifier « sans problème ». C’est vrai qu’à part le premier spit à 10m, des spits de 8 vieux comme mathusalem et quelques pas méga obligatoires, il n’y a eu aucun problème. Bon, il n’y a rien à dire : la grimpe ici est peut-être exigeante et un poil engagée, mais le rocher n’en est pas moins magnifique. Et l’avantage de grimper comme des welsches c’est que les « locaux » partis largement plus tôt peuvent te rencarder sur la voie. Comme par exemple : ne fait pas les dernières longueurs de Hakuna Matath, ça résurge à mort… Du coup on s’embarque dans la combinaison du début de Hakuna Matatah avec la fin de sa voisine Typhon. C’est un enchaînement à ne pas manquer qui en fait une ligne très directe et bien soutenue !
Les dodos Kangoo, dans notre jargon, décrit la retraite pour la nuit dans notre nid d’amour métallique sur un site avec, si possible, une vue digne d’un palace. A Ueschenen, le pari était gagné et c’est devant les bernoises qu’on dormira avec en prime la lune qui ne cessera pas d’éclairer les premières neiges automnales des sommets.
Au petit matin, on recalcule les difficultés du site de manière à ce que je puisse également grimper en tête. Le nom de la voie retenue est loin de susciter le même entrain que Hakuna Matata… Ce sera Zürcher Sportweg… Bof, mais bon, dans le monde de la grimpe, il semble que les ouvreurs ont tendance à se donner de la peine à nommer leurs voies qu’à partir du 7. Néanmoins, le nom ne fait pas le caillou! Ce sera donc une nouvelle envolée magnifique avec comme highligt une traversée bien exigeante en L2, mais super esthétique et une L4 au top de la grimpe sur calcaire avec de tout, de la dalle, du très technique, un peu de dülfer.
On l’aura compris, Ueschenen, c’est pas facile, mais c’est beau et on vous recommande le coin! Toutefois, pour une grimpe plus relax ou si vous voulez emmener la famille avec vous pour une initiation sans stress, quelques voies raisonnables et à l’équipement serein s’offrent également à vous moyennant une petite recherche sur le réseau camptocamp ou dans un Schweiz Plaisir West.
Info grimpe :
Hakuna Matatah (combinée avec Typhon)
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