En commençant un article, on se demande souvent le titre qu’on lui donnera, histoire de trouver la formule adéquate qui résume parfaitement l’épisode raconté. Pour une fois, je ne me poserai pas de question : on est allés faire Etat de choc et l’article s’appelle Etat de choc, un point c’est tout.
Bien souvent, une ligne rêvée commence par un article lu dans un magazine, un récit sur camptocamp ou le récit d’un copain. Pour cette voie, c’est la photo de couverture du topo d’Entremont qui fera naître l’envie d’y faire un tour.
Ce qui est bien avec ce genre de photo, c’est qu’on se sent toujours plus malin au moment d’engager le mouvement difficile. Je me souviendrai de cette photo – Valentin également – lorsqu’il faudra se hisser là-haut. Et bien, ni Val ni moi n’avons réussi le même mouv’. C’est bien ce qu’on pensait : les frères Rémy sont grands, mais vraiment grands (et vraiment bons) pour pouvoir faire un écart de jambe pareil sans se désarticuler les hanches!
Bon, je m’égare et m’éloigne de mon propos inital, celui du titre et du nom de la voie. Etat de choc commence par un « petite » rando de 2h30 où on s’enfile 1000 mètres de dénivellé. Le but étant d’arriver le plus vite à l’attaque, le grimpeur a d’ailleurs abandonné le terme « rando » pour le remplacer par « marche d’approche » qui relate davantage l’ambiance du moment : « bourrer au plus vite l’accès ». Attitude qui chagrine parfois la rêveuse aux petites fleurs que je suis intérieurement. Ceci dit, le passage du torrent à pieds nus pour ne pas tomber, les pentes herbeuses, les morraines toutes pourries et les vires expo m’ont rapidement fait oublier les petites fleurs.
Bien heureusement, les Rémy ont largement sur-coté les deux premières longueurs laissant à ces 6b+ une sentation de 6a qui permet de se chauffer et de se dire que ce ne sera peut-être pas si difficile… Et bin rien du tout! La voie ne fait que 9 longueurs, mais les 4 longueurs entre 6c et 7a nous laisseront vidés et c’est le moins qu’on puisse dire. Haletante dans le très (très très) difficile offwidth je ne serai pas très loin d’approcher l’état de choc.
Pour l’occasion, Valentin nous enchaînera son premier 7a sur coinceurs : magique! Et pour ma part, parce que j’ai aussi droit à des fleurs, je peux dire que j’ai réussi à me hisser là-haut en grimpant plus ou moins (l’escalade artificielle a parfois du bon). Au passage, un grand merci pour les encouragements des italiens qui grimpaient dans la fissure d’Ave Cesar (incroyable ligne en 7c, incroyable grimpeur!) et qui m’ont mis du baume au coeur dans ce grand moment de solitude où on ne sait plus comment se coincer. Après un gros combat de 7h, on arrive finalement au somment du Portalet. Etat de choc restera comme la voie la plus physique qu’on a grimpée (so far 🙂 ) et que Val aura leadé du début à la fin : respect!

L4, petite pause improbable en attendant que la cordée qui nous devance nous fasse un peu de place au relais.

Focus sur ce que j’ai applé le « Pas de l’ange » de L5 en référance aux sauts de l’ange qu’on retrouve en alpi.
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