L’obergabelhorn est une montagne qui m’impressionne. Posée sur la très belle couronne impériale, elle représente pour moi le mythe que je me faisais de la montagne, avant de commencer à la taquiner : une face nord raide et très esthétique, une face sud rocheuse imposante et de belles arêtes bien découpées. Beaucoup mettent le Cervin ou la Dent Blanche sur la première marche du podium de LA montagne, pour moi c’est l’Ober.
Après avoir eu l’occasion de parcourir sa face nord et l’arête du Coeur l’été passé avec B, Numa et Ludo, je suis de retour au pied du mastodonte, cette fois-ci en compagnie de Federico et du côté sud. La montée à l’Arbenbiwak est des plus sympathoche avec tout du long une vue imprenable sur le Cervin et un peu plus loin sur la dent d’Hérens.
En arrivant à l’aplomb de l’Arben, nous apercevons enfin notre objectif. Cette fois-ci, les conditions ont l’air parfaites : le névé d’approche est bien fourni, la voie est sèche et le couloir après la Kohlenband semble correctement enneigé. Tout feu tout flamme à l’idée de la journée de grimpe du lendemain, nous passerons une excellente soirée au très joli bivouac de l’Arben. Un grand merci à toutes celles et ceux qui y mettent du leur pour que de tels lieux restent en l’état !
Départ au petit matin, bercés par les (nombreuses !) frontales progressant dans la face nord du Cervin. On y comptera six cordées ce jour-là, pas si mal pour un itinéraire déjà correctement costaud ! Le départ de la voie trouvé grâce au flair et à l’expérience de Fédé, on déroule en corde tendue sur les 300 premiers mètres de dénivelés qui ne posent pas de problème si ce n’est, parfois, une protection un peu chiche. La première difficulté sera un dièdre gris protégé sur mauvais pitons (n’hésitez pas à prendre un marteau et peut-être un ou deux pitons pour remplacer les reliques) qui demande une grimpe tout en finesse. S’ensuit deux belles envolées un peu plus faciles en dalles structurées, puis un ressaut plus raide que l’on attaquera par la droite sur une longueur à réglettes que l’on n’hésitera pas à plutôt mettre dans le V que dans le IV (cela dit, on est pas trop trop sûrs d’être bien passés là où le topo le préconisait…).
Une dernière longueur de grimpe dans un joli dièdre nous amène au pied de la fameuse Kohlenband, que j’imaginais plus large. Cette dernière nous mène au couloir de la Gabeln qui s’avérera être moins enneigé que prévu. Au programme : 100 mètres d’un très joli mixte que Fédé saura négocier avec une telle rapidité qu’on se retrouvera sur l’arête sommitale avant même de se rendre compte que l’on aurait dû obliquer à gauche pour faire la sortie directe… Tant pis et même tant mieux, car cette portion de mixte complète joliment cette course.
L’arrivée sur l’arête de la Wellenkuppe réserve une vue impressionnante sur la face nord et l’on change de discipline pour évoluer en équilibre sur le fil de cette dernière pour rejoindre le sommet tout proche.
Si la montée fut une vraie partie de plaisir, je dois dire que la descente le long de l’Arbengrat se traîne un peu en longueur. Cette arête très esthétique propose un profil continuellement montant, ce qui signifie qu’en la descendant, ben on ne fait que de la désescalade (à l’exception du grand gendarme où l’on conseillera tout de même deux rappels…). C’est intéressant, mais un peu longuet et ça demande surtout un max de concentration. Le couloir de descente en face sud terminera de me donner des sueurs froides avec sa neige en soupe cachant la glace sous-jacente, mais c’est le sourire aux lèvres que l’on arrivera sans encombre à nouveau au bivouac avec en poche le souvenir d’une magnifique journée en montagne avec pas un chat à part nous !
Pour le coup, on ne vous recommandera pas le topo présent sur c2c, mais vous pourrez glaner quelques infos sur notre sortie ici. Par contre, procurez-vous la description donnée dans les topos d’alpi du CAS, elle est très bien faite, tant pour la montée que pour la descente. Vous lirez certainement d’autres récits présentant cet itinéraire comme un tas de cailloux branlants… Cela n’a pas du tout été notre constat, bien au contraire : en restant sur l’itinéraire, le rocher est très compact (presque même un peu trop par endroits en regard du peu de fissures pour les friends).
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