J-7 : la bonne résolution
Hey, dis, Fédé, ça te tenterait d’aller faire une goulotte ?
C’est clair ! En plus il faut qu’on s’entraîne un peu en glace, on manque de routine.
T’as raison, en plus j’ai trop envie de me retrouver dans cette ambiance de haute montagne, austère mais avec une vue incroyable, et tout ça.
Carrément ! On pourrait monter sur cham et bidouiller quelque chose là-haut !
J-2 : la résolution tout court
Hey, dis, Fédé, il fait 15°C à la Tchaux… et pis les télécabines, ben ils sont pas ouverts.
Mouais, c’est pas top top comme conditions, c’est sûr. Mmmmh. Ben… vu qu’il fait chaud, on va grimper ?
Heu, mais on fait un peu les petits ziquets là, non ?
Ouais… un peu…
Ah… Ok, ben allons grimper alors !
Grimper, pour Fédérico, cela veut dire principalement deux choses. De un, il doit y avoir de l’Histoire qui « résurge » le long de la voie, une petite impression de suivre les pas des pionniers. De deux, il ne doit pas y avoir trop de spits. En disant ça, on pourrait croire que je désapprouve. Ce serait tout à fait inexact : je ne désapprouve qu’une fois en plein stress, engagé au dessus d’un spit imaginaire dans ces *** de cheminées pour lesquelles je n’ai aucune technique… Mais si on laisse de côté le fait que je n’ai pas eu mon diplôme de père Noël, grimper avec Fede, c’est toujours un partage de moments magiques : peu de monde autour de soi, des superbes ambiances de montagne et l’impression de se débrouiller par soi-même sans avoir besoin de l’assistance d’un spit tous les deux mètres. Et ça, c’est vraiment mon kif.
Pour avoir un menu « fissures, traversées, cheminées » des plus complet, Fede me propose de partir au sud du Vercors pour aller chatouiller le pilier Livanos sur le rocher d’Archiane. Ce sera pour moi une double classique, puisqu’en plus de suivre les traces des Livanos (Monsieur et Madame), j’apprendrai après coup que je suis aussi sur les traces de … mon père, qui a trainé ses chaussons ici il y a déjà quelques années ! Ah, ça sent bon le coin de bois en décomposition :-).
Après une approche pour le moins approximative par … l’itinéraire de descente, nous arrivons finalement au grand cairn qui marque le départ de la voie. Accueillis par une jolie chute de pierre directement dans l’axe de L1, nous échangeons un regard inquiet : « Y a quand même pas un suisse-allemand qui a réussit l’exploit d’être engagé avant 8h30, ou bien ? ». Quelques minutes de silence plus tard, Fede attaque la première longueur : gradins faciles, petit passage raide sur la gauche, puis traversée franche à gauche qui mène au pied d’un court dièdre en V. L2, plus linéaire, suit une belle fissure dièdre raide est très agréable à grimper. L3 présente le premier crux avec une escalade raide exigeante qui nécessite l’emploi de toutes les techniques. On se retrouve même à grimper quelques mètres face à la vallée avant de se retourner pour attaquer une fissure déversante !
La traversée Livanos arrive en L4 avec sa succession de bizarreries : une vire sur laquelle on commence avec les pieds pour finir avec les mains, puis une fissure raide dans laquelle il faut choisir entre essayer de libérer en clippant vieux pitons et coin de bois, ou sortir en artif en plaçant les friends (t’es fou, on va pas l’utiliser ce vieux coin de bois !) dans les prises de main… L5 contourne habilement le grand surplomb (qui, à voir les vieilleries en place, doit passer en artif, avis aux amateurs) par une longue traversée à droite puis un dièdre-rampe.
L6 présente à mon goût les plus beaux mouvements avec un départ plutôt technique puis une fissure légèrement déversante très franche que l’on remonte en dülfer. Super ambiance !
L7 et L8 continuent sur une succession de dièdres et traversées en ascendance sur la gauche pour nous amener sur la vire médiane que l’on remonte (L9) jusqu’au pied du ressaut supérieur. L10 propose à nouveau une très belle et exigeante escalade en fissure verticale avant d’obliquer à gauche pour rejoindre des gradins qui mènent au pied du dièdre de L11 et L12, plutôt dièdre technique et légèrement déversant en L11, puis dièdre-fissure large un peu renfougne en L12.
L13 est à nouveau technique avec une traversée sur la droite à la suite du surplomb qui demande une bonne concentration. De R13, on traverse franchement sur la droite pour aller chercher l’arête bien visible qui monte en direction du sommet. Parti comme des débutants à l’idée de faire ça en corde tendue à 50m (!), cette longueur sera un challenge physique de tractage de second tellement le tirage sera puissant ! Plus d’info topo ici.
Peut-être est-ce à cause du poids du regard (amusé) des anciens qui pesait sur mon dos pendant que je peinais à la reptation dans L12, mais toujours est-il que je me suis réveillé le lendemain carrément fourbu et malade… On décidera de monter quand même à la paroi avec l’idée de faire la voie du Levant. Après moult râlages et tirages de dégaine dans tout ce qui pouvait ressembler à un pas dur, je finirai par demander grâce sur la vire intermédiaire. Pas tant de description de cette fameuse voie du Levant, une autre grande classique d’Archiane, mais on vous en proposera quand même quelques photos de la première partie :-).
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