Dans la vallée du Yosémite, il y a deux choses qui sont difficiles à obtenir : le mauvais temps et le wifi… Du coup, vérifiez que votre boss est bien en déplacement à l’extérieur, calez-vous bien dans votre siège et n’hésitez pas à vous faire un demi-litre de café bien insipide pour être dans l’ambiance, car ce billet risque d’être dense :-).
Après avoir récupéré notre véhicule de transport personnel typiquement américain (un SUV très gros à l’extérieur, tout petit à l’intérieur) et passé deux jours entre San Francisco et Berkeley à chiller et tester les différents cafés, on atterit au campground de Crane Flat pour les deux seules nuits que l’on a réussit à réserver à l’avance dans les environs du Yosemite.
Après une première journée à jouer à cache-cache avec le soleil à la base d’El capitan pour évaluer notre niveau dans les styles classiques du coin (tant que la fissure ne te mange pas, ça va, ensuite, ça rouste !) on va chercher l’ombre sur Middle Cathderal rock dans les belles longueurs de « Central pillar of Frenzy« . Juste histoire de remettre les pendules à l’heure, on vous met quelques photos tout en vous disant en passant que c’était seulement 5.9 (soit 5/5+)…
Nos deux nuits à Crane Flat étant consommées, il nous faut plier la tente de bon matin pour aller se mettre dans la file d’attente de Camp 4. Arrivée à 6h45 dans la file, on ne sera bien évidemment pas les premiers et nous obtiendrons nos places vers les 9h30… On est bien bien loin des habitudes de « free-camping » que nous avions prises ces derniers mois en Europe et il va nous falloir un petit temps d’adaptation pour se faire à ce monde sur-réglementé dans lequel il est presque impossible de ne pas faire quelque chose d’illégal à un moment ou à un autre, tellement tout est interdit… Enfin, une fois la tente posée, on peut un peu oublier cet aspect désagréable et profiter de préparer nos affaires pour aller se frotter à quelques longueurs d’artif sur la face sud de Washington column. Un petit entrainement de fin d’après-midi dans un secteur de moulinette me fera assez vite comprendre qu’on ne sera pas rapides-rapides mais bon, si tu vas au Yosémite sans faire une fois un peu d’aid climbing, c’est quand même un peu dommage, non ?
Départ donc chargés comme des mules avec deux équipes aux objectifs distincts : pendant que Fred et Roy foncent pour aller au plus vite fixer les deux longueurs au-dessus de « dinner ledge » (le spot de bivouac), Flo et moi sommes en charge du hissage des « pigs » jusqu’à la vire. C’est seulement trois longueurs, mais ça va nous occuper l’après-midi ! Une fois le Kor roof fixé et le bivouac posé, on peut profiter pleinement de la vue sur le Half Dome au couchant… et du peut-être trop petit nombre de sac à caca emporté pour un groupe de 4. Mais ça, c’est une toute autre histoire. Enfin, disons simplement qu’on a beaucoup appris !
Réveil un peu pénible le lendemain après une nuit perturbée par une cordée d’américains qui sont arrivés en rappel à la vire à 00:30. On s’inquiète de savoir si tout va bien pour eux. Réponse : oui oui, aucun soucis, on a simplement « chillé » un peu au sommet… Ouais… Nous faut dire qu’on chillait pas des masses en essayant de se protéger des cailloux qu’ils nous envoyait ! Les 50m de remontée sur corde du Kor roof permettent de se réveiller rapidement et on ré-entame notre (très très) lente ascencion. De jumar en jumar, Flo et Roy commencent à ronger leur frein et je dois dire que je ne suis pas en reste non plus sautant sur toute occasion qui s’offre de quitter les étriers pour faire quelques pas de libre. Du coup, on sonnera le glas 3 longueurs avant la fin du mur, persuadés que l’artif, c’est rien pour nous ! Mais malgré le côté hyper répétitif et l’attente très longuette, on aura quand même profité d’une nuit magique avec étoiles filantes !

Tant qu’on peut, on essaie de libérer mais les fissures polies par le passage et le pitonnag intensif rendent la chose bien bien rude !

La superbe fissure de après les toits et traversées. Dommage que ce soit trop dur pour passer en libre…

… Quoi qu’en se donnant de la peine, on trouve des portions à grimper. Le challenge s’est de ne pas s’emmêler les pinceaux dans les étriers !

Nos deux jumardeurs commencent à en avoir ras le bonbon des attentes au relais… Heureusement qu’il y a les potes pour papoter !
Voilà. Une fois la case « on a fait un peu d’artif » cochée, retour au « real business » du libre. Mais avant toute chose il nous faut trouver à nous loger. Retour donc tardif devant camp 4 avec la ferme intention de faire quelque chose d’illégal mais pratique : dormir devant la guérite du Ranger pour obtenir plus rapidement un spot le lendemain. On aura bien les numéros 1, 2 et 3 de la file d’attente (oui, on te donne un numéro et tu dois rester dans la file jusqu’à l’enregistrement. Si tu sors de la file tu perds ta place, etc. plus une centaine de règles àlacon supplémentaires…) mais on aura quand même pas de spot avant 10h00 du matin. Youpi !
Bon, cette fois on plante la tente pour 5 nuits, on aura donc plus de temps ces prochains jours. Pour rentabiliser l’après-midi restante, on va faire un tour dans la classique « Nutcracker« , la première voie du Yosémite ouverte uniquement à l’aide de coinceurs !
La chaleur omniprésente dans la vallée est étoufante et les résidus de fumée des incendies environnants ajoutent une touche « pittoresque » à l’ambiance désertique du coin. On n’envisage pas de grimper trop longtemps au soleil et on se décide pour le Moratorium sur la Schultz Ridge qui borde El Cap à l’est. La ligne suit un grand dièdre qui permet de grimper à l’ombre et propose 4 longueurs très soutenues qui seront notre premier test de difficulté dans la vallée. Et bien on en a eu pour nos avants-bras avec une première longueur très rési de presque 50m en dülfer, un dièdre vertical lisse comme un cul de singe en L2, une fissure très fine et difficlie en L3 et une dernière longueur variée mais jamais donnée et assez « alpine ».
Bon… Le wifi est tellement tout pourri que je vais m’arêter là pour le moment. Suite au prochain épisode pour des images du sur-classique enchaînement Serenity Crack et Sons of yesterday et notre « achievement » du Yosemite : la face Nord du Rostrum !
Stay tuned !
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