Après avoir quelque peu « craché » sur Chamonix dans un autre article, il est temps de réhabiliter le massif du Mont-Blanc, parce que la grimpe y est (évidemment) magnifique et que, si on se pousse un peu au cul et qu’on s’y prend bien, il est tout de même possible de grimper sans avoir l’impression d’être à la caisse du SuperU du coin un samedi où il fait moche.
Pour vous parler un peu de Châââm comme disent les zhabitués du coin, on a décidé de vous proposer quelques photos d’une magnifique voie que nous … n’avons pas (encore) terminé ! Fidel Fiasco est une voie Piola. Très peu spitée, elle fait la part belle aux fissures en tout genres ; fissures bouchées en dalle, raide à dülfer, à coincement de mains/poings; avec malgré tout une longueur clé en dalle bien compacte. Vous avez pris tous vos copains avec, ça tombe bien, vous allez les rentabiliser. Posée dans un cadre magnifique, l’Aiguille de Blaitière trône majestueusement et on se prendrait l’envie d’un jour enchaîner une des voies de sa face SW, puis de finir au sommet. Mais là, c’est carrément une autre aventure que notre petite grimpette.
L’histoire de notre petite aventure sur ce granite à poil ras commence un peu plus tôt dans la saison d’hiver dans la région de Bourg-Saint-Pierre. Ce jour-là, maudit soit-il, Flo s’éclate un croisé à ski, dans le couloir WSW de la Grande Aiguille. Au programme, pas de ski, pas de cascade, une opération, pas mal de physio et surtout beaucoup d’abnégation au fitness pour essayer de revenir le plus rapidement au top niveau ! Pendant ce temps-là, je m’amuse comme un p’tit fou en montagne, profitant d’un entre-deux jobs plus que bienvenu, avec tout de même une once (parfois) de culpabilité en pensant à ma belle que je laisse à la maison. C’est alors, après 4 mois d’attente et quelques séances intensives en moulinette, que la petite malicieuse s’estime prête à retourner un peu en montagne. Bon prince (Oh, oui, jette-moi encore des fleurs !), je lui propose de choisir la voie à sa guise et de leader l’itinéraire proposé. L’histoire ne dit pas si c’était pour se « venger » de tout le temps que j’ai passé en montagne sans elle, mais voilà qu’elle s’en vient le sourire aux lèvres avec ses yeux de biche pour me dire :
« J’ai trouvé ! J’aimerais bien aller faire Fidel Fiasco. Trop beau ce rocher, ça a l’air dément ! »
Bon… J’avais pas tout à fait prévu de m’envoyer dans une voie sur coinceurs cotée ED. Mais une promesse est une promesse. Et c’est sur un coup de tête qu’on fait les plus belles courses :-).
Topo en poche, on se lève aux aurores direction la Mecque du granite en Europe. Premier stop : la benne de l’Aiguille du Midi où l’on ne pourra que constater notre manque de pratique de la région. Malgré une grosse demi-heure d’avance sur la première benne, nous ne prendrons que la troisième. Et c’est pas parce qu’il y avait une panne… Mais bon il fait beau, tout le monde veut aller voir le Mont Blanc, normal. Heureusement, comme nous ne sommes pas des alpinistes professionnels, on se contente de s’arrêter au Plan où il y a finalement bien peu de monde.
La marche d’approche sera le premier crux de la journée pour Flo, dont le genou nécessite malgré tout encore une attention de tous les instants, et pour moi aussi qui du coup, porte l’entier du matos (et là je me dit, t’es con, t’as pris trop de friends…). Enfin, disons qu’on est arrivé pas trop trop en retard au pied de la voie, après d’épiques moments dans les éboulis et le petit névé d’approche. On prend bien conscience que c’est compromis d’arriver tout en haut, mais comme les ouvreurs ont eu la bonté de bétonner les relais, on décide d’aller un bout. Après une première longueur plutôt montagne pas tout à fait mémorables, on entre dans le vif du sujet avec une fissure bouchée dans une dalle en L2, puis en L3 une très jolie fissure à doigt/dülfer dont une courte section résurgente me fera penser « t’es con, t’as pas pris assez de friends ». Je sais, je suis un peu versatile.
L4 amène un premier plat de résistance avec un pas bien costaud pour aller se mettre dans une belle dülfer raide qui forme un petit décrochement horizontal vers la fin. Résurgeant lui aussi, je m’offrirai la joie de quelques pas d’artif pour sortir du bombé (finalement, j’en avais assez, des friends).
La suite se passe mieux, on trouve encore quelques résurgences, mais la difficulté est un cran en-dessous et on grimpe un peu plus libéré dans de magnifiques fissures. L5 présente une jolie fissure à poing suivie d’une traversée sous un dévers, puis d’un dièdre. L6 est une transition moins raide, puis L7 propose de nouveau une belle fissure, plutôt à (petites) mains. L8 ressemble à une vraie longueur de montagne dans un dièdre bien prisu. L9 est la continuité de L8 si on se trompe comme je l’ait fait. Du coup, il faut un peu bricoler. Un peu de corde tendue et une traversée descendante sur une petite vire nous amène à R9 où on décide de s’arrêter. La suite a encore l’air magique et il faudra revenir pour faire un peu plus honneur à cette voie !
Inutile de vous préciser qu’ayant explosé le temps d’approche, on a pas été des flèches pour rejoindre le refuge du plan. Mais moyennant un petit coup de téléphone pour avertir, on nous accueillera à 22h30 avec un repas chaud (si si !!). La sortie grimpe plus relax prévue pour le lendemain ne saura survivre au doublement de volume du genou de Flo, mais c’est sans regret que l’on prendra la benne le lendemain matin pour aller se payer un café bien mérité sur une terrasse au soleil !
Plus d’infos sur la voie ici !
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