El Nino nous gratifiant de quelques orages que tous les américains attentaient avec impatience après une saison d’été particulièrement sèche, il nous faut ranger les chaussons quelques jours en attendant que ça passe. On s’était dit que tant qu’à glander par mauvais temps, autant viser un grand centre urbain comme Vegas. On a donc posé notre tente au campground de Red Rocks et tenté pour vous « Las Vegas sans aller sur le strip ». On a bu des cafés, on a bouffé des donuts, on a essayé de trouver un endroit cosi prévu pour les piétons et pas pour les voitures, on est allé au ciné dans des sièges inclinables avec un steward qui vient prendre ta commande de pop-corn sans que tu aies à lever ton divin postérieur, on s’est acheté un mélange à fondue « Mifroma »…
Pis on a craqué… on est allé (j’ai honte), on est allé… faire du … bloc … en salle. Oups. Que nos amis de l’ASEN se voient rassurés, malgré le fait que Red Rocks soit une destination de classe mondiale pour l’escalade et malgré que tu paies ton entrée au bloc pour 15$ (mais la douche est comprise !!!), bin on peut dire que les ouvreurs du coin auraient beaucoup à apprendre du professionalisme neuchâtelois ! Ici, le bloc est en mode Vegas : flashy avec beaucoup de couleurs !
Le mauvais temps s’accroche un peu et comme le sandstone ne permet pas une escalade sereine avant d’avoir pleinement séché (petit parenthèse géologico-chimique : le sandstone, comme son nom l’indique, est une agrégation de grains de sable plus ou moins bien collés les uns aux autres. Et quand il pleut, la flotte s’infiltre profondément dans le rocher et « décolle » les grains des uns des autres. On doit donc attendre que ça sèche non pas en apparence, mais à l’intérieur. Et on a testé pour vous, c’est pas un gag…), on profitera de la première journée d’accalmie pour visiter un petit canyon proche de Mesquite qui propose de la vraie escalade d’européens sur du … calcaire ! Ce « Lime Kiln Canyon » est complètement insoupçonné et les 2h de route depuis Vegas totalement justifiées pour aller visiter ce petit coin de paradis. On retrouve ici nos réflexes d’antan sur un rocher raide, équipé sportif en spits de 10mm. C’est pas le Verdon, mais c’est beau !

Flo dans le départ de Felicity
Après cet épisode calcaire, il était temps de faire une connerie d’européens. On a décidé que 24h de séchage était suffisant pour le sandstone (on nous avait dit 24-48h…) et on est allé voir une jolie petite longue voie bien à l’ombre pour éviter d’avoir trop chaud et équipée en spits pour éviter d’avoir trop peur. Wroooooong ! Ici, si tu grimpes sur spits, tu grimpes aussi sur des « credit cards », ces toutes toutes petites écailles qui ont une facheuse tendance à fléchir sous l’assaut de tes doigts quand elles ne sont pas sèches. Ah, et on a oublié de vérifier les dires du topo. Du coup, après 60m de grimpe technique sur cartes de crédit fragiles protégée par 7 vieux spits, on est retourné lire un bouquin au camping, non sans passer par les cases A) rencontre fâcheuse avec un cactus et B) tiens je pourrais faire ce splitter sur le chemin du retour, euh, pour ça, il aurait fallu que je prenne les bons friends… Une journée parfaite !

Le mur de Dark Shadows, juste en-dessus d’une petite rivière. L’intérieur des canyons décadre complètement avec l’environnement désertique de Vegas !
Bien. Nous voilà donc rendu à pluie +48h. On choisit une face bien au sud. Et on fait notre première approche en crapahutage intense dans le lit du canyon, une expérience qui pourrait faire office de préparation pour le bartassage à la corse. Mais le jeu en vaut la chandelle et même si « Nightcrawler » ne fait que 4 longueurs, la vue sur le Juniper Canyon et son incroyable « mur arc-en-ciel »(Lucas, prépare-toi, j’ai un « projet ») est magnifique. Et ça nous avait manqué de se balader avant d’arriver aux falaises, c’est si facile aux States d’être un grimpeur paresseux !
Comme on a trouvé superbe de remplacer la vue de Vegas par la visite de ces Canyons verdoyants et parsemés de blocs aux couleurs fantasques, on se dit qu’on est prêt à repartir pour une petite marche en direction du mur de l’Aigle dans Oak Creek canyon. On a envie d’y grimper la célèbre Levitation 29, une voie libérée par Lynn Hill qui aurait dit à son propos que c’était encore plus beau que de libérer le Nose. Alors, comme le prétend notre topo : « if it’s good enough for Lynn Hill »…
De retour au camping, bien crevés par la longue journée, nos deux nouveaux comparses de camping, Taylor (le premier « vrai » Taylor en chair et en os que je renctontre, moi qui croyais que c’était juste un prénom pour les films !) et Chris, entreprennent de recharger nos batteries avec leur bonne humeur et leur énergie sans commune mesure. De telle sorte que moyennant une approche un peu plus courte, on enchaînera sur le mur du Black Velvet Canyon dans lequel Flo fera un magnifique job de leader sur les cartes de crédit (cette fois-ci sèches et solides) de « Prince of Darkness » que nous terminerons par les dernières longueurs du « rêve de la dinde sauvage » (les ouvreurs du coin sont bien inspirés, la « dinde sauvage » étant une marque de whisky…).
Avant de repartir de Red Rocks, j’avais quand même bien envie de justifier les nombreux dollars, euros et francs suisses dépensés dans notre rack de friends… Et comme on aime bien marcher, direction le fond du Pine creek canyon pour y chercher les lignes clean du Challenger wall, un secteur de grimpe pure trad. Bon, pour rentabiliser les friends, encore faut-il pouvoir les poser. On ne fera que trois longueurs dans cette face avant de se souvenir qu’on tient plutôt beaucoup à notre intégrité physique et que si certains aiment les montées d’adrénaline que procurent les runouts de 10m et les risques de (très) mauvaises chute, ben, on veut bien les laisser grimper tout seuls. C’était l’occasion de tester les deux proverbes préférés de Chris et Taylor : « In doubt, run it out! » et « if you know it’s runout, well, don’t climb it ! ». Morale de l’histoire : ne jamais oublier de lire les commentaires sur « Mountain project » avant de s’engager !
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