Ceux qui ont lu notre dernier billet auront compris que si on grimpe, c’est simplement parce qu’on a raté l’examen de randonnée. Par conséquent, le Verdon avec ses approches minimalistes réduites bien souvent à quelques mètres de marche et une série de rappels nous paraissait être bien plus adapté à nos compétences que la rando en corse. En plus, il fait beau dans le sud de la France !
Arrivés dans l’après-midi à la Palud, on se décide pour un petit repérage des belvédères de la route des Crêtes. Trois petites longueurs faciles dans la dent d’Aire pour se donner une vue sur quelques-uns des secteurs de l’Escalès. Bon, on arrive à coincer le premier rappel. Pas grave, c’est le genre de truc qui arrive quand on veut pas marcher, on assume. « Flo, passe-moi les dégaines, je vais chercher cette *** de corde ». Silence. Silence un peu plus long. Silence carrément long. Silence disons inquiétant. Je regarde son baudrier, je regarde le mien. Bon, on a coincé notre rappel hors de la ligne et on a pas de dégaines, elles sont sagement restées avec les chaussures en haut de la falaise. Elles profitent de la vue. Le bon point avec les secteurs faciles, c’est qu’ils sont fréquentés et on se fera aimablement jeter notre jeu de dégaines. C’est bien, ça m’évitera 50m de bidouille avec 3 mousquetons à vis et deux sangles. Une longueur moyenne plus tard, on est, bien sagement, de retour à l’apéro qu’on aurait mieux fait de ne pas quitter.
Bon, là, on était pas chauds ! Mais le lendemain, bim, on y retourne et on s’enchaîne trois petites longues voies (hissage nocturne, Cat so angry et Dolce Vita) qui nous donneront l’occasion de travailler nos rappels (dont deux beaux en fil d’araignée), les traversées et le dévers à bac. On a pas encore touché un mur d’ampleur « verdonesque », mais on est déjà tout conquis par la qualité du caillou et de l’équipement. Rien que du plaisir !
Avant d’attaquer une des voies qui fait la réputation du Verdon, il fallait une voie intermédiaire histoire de vérifier nos acquis en rappel. On se décide pour Zigo-Zago, une ouverture de Catsoyannis qui n’a pas l’habitude de spitter des bouses. En lisant bien le topo, on constate même qu’il y a un accès commode à pied… Bah, on testera nos rappels une prochaine fois ! Grand bien nous fasse puisqu’on se prendra un but « gouttes de pluie » à la fin de la première longueur, qui est d’anthologie ! On y retourne le lendemain pour finir cette belle escalade… et récupérer les vieux mousquetons à Papa qu’on avait dû abandonner au premier relais.
Comme Val trépigne à l’idée d’enchaîner du lourd et que j’ai quand même bien envie de ressentir le gaz verdonnesque, on se décide pour une voie des frères Rémy . Pas n’importe laquelle, mais la très exactement centième ouverture (au Verdon, s’entend, hein !) des forts (et grands) frangins. On a nommé : « Prise de cent ». Les cotations sont soutenues, ça promet une sacrée ambiance ! En hommage au papa de Val, on fera même la première longueur d’une voie qu’il a sans doute faite à l’époque, le « pilier des écureuils » (et puis moi et mon amour des petites bêbêtes… c’est parfait!).
En faisant cette première longueur du pilier des écureuils, on se dira que, « à l’époque », avec l’espacement entre les points d’origine, les mecs devaient vraiment vraiment bien grimper (et là, je marque des points auprès de beau-papa qui nous lit). D’ailleurs, on a encore pensé à ces mecs-là quand on a ramoné (et galéré) dans le laminoir de prise de cent. On a lu quelque-part que cette longueur est à la frontière entre le sublime et l’abominable, dans un style qui ressemble plus à du combat au corps à cailloux qu’à de la grimpe (au sens moderne du terme, sans vouloir blesser beau-papa). Ben, c’est pas moi qui dirai le contraire. Pour le reste, « prise de cent » restera dans nos mémoires comme l’une des plus belles voies de calcaire qu’on a eu la chance de parcourir à ce jour. Rien à jeter, le caillou est sublime, les longueurs soutenues, le style varié et l’équipement serein. Enfin, majeur, quoi. La seule chose qui manque, c’est l’infirmière (sexy, forcément) qui t’offre un petit sandwich une fois que c’est fini…

La première longueur de « prise de cent » après le « Jardin des Ecureuils » : un 6c+ hyper technique. Pour nous, le crux de la voie !
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