Vu que je me suis super bien entrainé (au mouflage) pendant nos quelques jours de brouillard avec Flo, Lucas me propose un petit trip à tendance mixte dans le massif du mont Blanc. Là, ça me change de registre et au lieu de leader le plus souvent, va falloir suivre le rythme de notre « androïde » préféré !
Heureusement, ça commence doucement par une sieste à Chamonix en attendant le bus pour Courmayeur de l’après-midi puisqu’on a raté celui du matin… Arrivés à Courmayeur, je me précipite à l’office des transports italiens pour y prendre nos billets pour la navette qui monte dans le Val Vény et qu’il ne faudrait pas rater pour arriver à l’heure au souper à Monzino ! Ce qui est sympa à Courmayeur, c’est que la plupart des gens peuvent s’adresser à toi en français, ce qui limite fortement le risque de mécompréhension. Alors, forcément, lorsque la gentille demoiselle du guichet va me dire en riant : « Mais, monsieur, il n’y a pas de bus pour le Val Vény ! »… Silence, … je la regarde, elle me regarde, je la regarde plus intensément, « pas de bus ? », et là, morte de rire : « Ben non, ça commence la semaine prochaine, à début Juillet ». Aha… Je sens qu’on va se faire engueuler par le gardien. Même si Lucas nous voyait assez bien monter à pied de Courmayeur à Monzino, j’ai tout de même décidé de voter un budget taxi. Cela nous permet de demander au chauffeur de nous monter au plus haut dans la vallée, histoire de gratter quelques mètres de dénivellé et d’arriver pas trop en retard au souper. Il aurait juste fallu mieux lire le topo qui disait que le chemin qui part depuis le haut de la vallée n’est plus praticable, puisqu’il n’y a plus de pont pour traverser la rivière. Enfin, bref, … il est 18h quand on arrive finalement au parking du bas et que l’on commence vraiment à monter. Lucas se met alors en mode « guerrier ultime » (mode qui nous accompagnera tout le trip) et on signe un nouveau record en montant à Monzino en moins de 1h30, finalement pas tant que ça en retard…
Grâce à l’accueil irréprochable de l’équipe de Monzino et grâce aux conseils précis d’Armando sur l’itinéraire à suivre pour rallier Ecclès par la Punta Innominata, on résussira notre deuxième chrono du voyage en atteignant le bivouac en 4h45. Là, on a carrément eu le temps de faire fondre la neige pour le repas !
Après un dernier contact radio à 20h00 avec Monzino qui nous confirme une super fenêtre météo, courte nuit et départ pour l’Innominata à 01h30 L’accès au col Ecclès repéré la veille est rapide et Lucas randonne dans le mixte de départ. On surmonte rapidement le ressaut de grimpe et on se retrouve juste avant les premières lueurs du jour au pied du « grand couloir ». Une traversée un peu trop tôt va nous poser sur l’éperon de gauche au pied d’une belle mais rude longueur de grimpe qui nous permet de rejoindre l’itinéraire. Ensuite, le mixte s’alterne avec les arêtes de neige effilées, jusqu’à la pente finale qui permet de connecter l’arête du Brouillard. Pouah, j’imaginais pas ça aussi long et je commence à bien sentir l’altitude. Encore un peu de mixte nous amène au Mont Blanc de Courmayeur, puis au Mont Blanc que l’on aurait pu renommer Mont-Jour-Blanc pour l’occasion… Heureusement que la descente des 3 Monts est tracée ! Pouf, 7h30 pour monter, 3h30 pour descendre.
Après une bonne nuit aux Cosmiques, on repart direction le bivouac de la Fourche avec l’idée d’y faire la Kuffner. On s’arrête en route pour grimper l‘arête E de la pyramide du Tacul. Là encore, Lucas va m’étonner d’efficacité et moyennant un peu de corde tendue, on est rendu au sommet en seulement 2h30. Heureusement qu’on coince un rappel, ça nous évitera de devoir trop meubler au bivouac :-).
On partagera la Fourche avec deux italiens très sympas et un groupe de trois Tchèques arrivés par la dernière benne, munis de sacs énormes qui nous feront un peu rire au départ, mais qu’on regardera avec envie quand on sentira l’odeur de la polenta aux petits oignons servie avec du jambon en croûte… Bon, il était pas mauvais non plus notre lyoph’ risotto aux champignons. L’isotherme du 0°C étant annoncée vers 4400m pour le lendemain, on opte pour une stratégie à la suisse-allemande avec un départ à 2h30. Mal à l’aise sur les parties de neige du départ, je laisse volontiers le lead à Lucas et on se retrouve en haut de l’épaule du maudit en seulement 3h ! On aura fait toute la course de nuit, là, c’est sûr, on risquait pas le dégel ! Du coup, on arrivera même à prendre non pas la dernière, mais la première benne qui descend sur Cham… ça je l’avait pas encore fait.
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