Après nos “quelques” derniers kilomètres en voiture et en moulinette, il était temps de se rechausser pour prendre un peu plus de hauteur et c’est sans hésitation que l’on acceptera la proposition de Fédé de le rejoindre, lui et Anders, dans le massif de la Civetta. Il y a certains avantages indéniables à pratiquer l’Italie avec un natif passionné d’histoire d’escalade, tant pour s’immerger dans le trip en revoyant Cassin dans ses étriers que pour établir un contact chaleureux avec les locaux qui ne te prennent plus pour un envahisseur teuton de hors-saison ! Le refuge Vallozer étant encore non-gardienné, on décide d’utiliser le parking comme camp de base et de faire les aller-retours depuis là. Comme ça, on ne change pas trop des habitudes prises à Céüse en répétant chaque jour la même marche d’approche. Et à notre grand âge, les habitudes, c’est rassurant…
Premier objectif : la torre Venezia pour y faire l’archi-classique via Tissi. Flo ayant décidé de nous laisser grimper entre mecs (peut-être avait-elle mieux lu le topo et les comptes-rendus que moi…), on fera cordée à trois avec Anders et Fédé, ce qui permet de moins se faire chi*** au relais pendant que le leader essaie de se mettre dans la peau de Tissi pour déterminer le cheminement le plus logique jusqu’au prochain piton. La marche d’approche sur un chemin carrossable est vite avalée et Fédé se lance dans les longueurs péteuses/herbeuses du socle, terrain dans lequel il se balade avec une dextérité tellement déconcertante que, si nous étions scouts, il aurait écopé d’un surnom-totem comme “chamois agile” ou un autre truc moisi du genre. Je reprend le lead pour les parties de grimpe plus “moderne” qui déroulent bien avec notamment une très belle surprise dans la fameuse traversée Tissi qui, au contraire des habitudes de ces voies historiques, ne choisit pas une ligne de faiblesse évidente mais s’envoie dans un mur hyper compact avec de superbes mouvements sur trous. Le temps se couvre un peu, mais l’office du tourisme et les vendeurs du magasin d’escalade local nous ayant dit : “Cette semaine ? Ah, un temps incroyable. Hyper stable, que du soleil, pas de pluie !”, on ne s’en inquiète pas plus que tant. Enfin, jusqu’à ce qu’il se mette à pleuvoir… Heureusement pour moi, je termine ma dernière longueur avant de repasser le lead à Fédé qui s’impose comme l’expert incontesté du ramonage que nous réserve la fin de la voie ! De la chance on en aura tout de même, puisque l’orage ne fera que nous effleurer, mais suffisamment pour nous donner plus l’impression de faire de la spéléo que de la grimpe…
Après avoir laissé Fédé et Anders réitérer la marche d’approche pour aller faire une petite journée de récup’ (7h-19h…) dans la voie Soldà sur la torre di Babele, on reforme deux cordées : Flo et Anders sont de corvée grasse matinée et café italien alors que Fédé m’embarque pour la Cassin sur la torre Trieste. Ce qui devait être un peu un rite initiatique dolomitesque va finir par tourner au vinaigre et après avoir pris un but dans une longueur en “que” 6b au-dessus de la deuxième vire, je vais sonner le clairon de la retraite. Faut dire que pour le coup, j’y aurai trouvé un concentré de ce qui ne fait pas pour moi l’essence de l’escalade : rocher moisi (de chez moisi), suffisamment de passages en artif pour qu’au bout du compte tu tire à chaque clou que tu trouve sans trop te poser la question du libre, et un pitonnage quasi excessif (en même temps, comme le rocher ne tient rien, t’es bien content de pouvoir te la jouer via ferrata) qui tue la recherche d’itinéraire (mais qui du coup propose parfois plusieurs variantes dont certaines assez craignos). Bref, la Cassin, j’ai vraiment pas trop aimé et je m’y suis bien fait peur en prenant à plusieurs reprise des bacs-tiroirs qui te restent dans les mains… Bon, comme dans toute situation il y a du bon à prendre, disons que du haut de ma petite expérience de l’escalade j’aurai appris que ce n’est pas ce genre d’itinéraire qui me botte ! La prochaine fois que l’on retourne aux dolomites, on ouvrira plutôt le topo des “nouvelles” voies sportives que Flo a eu la bonne idée d’acheter à Cortina !!
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