Roy, il a beau être belge (personne n’est parfait), il est quand même plutôt sympa ! Tellement sympa même, qu’on va abandonner notre rythme pépère pour un petit road trip à la sauce américaine histoire qu’il puisse voir autre chose que les rangers de camp 4 pendant son séjour aux USA.

Roy au sommet du Charlatan, après avoir gravi courageusement les belles fissures de Fancy Free en compagnie de… de… enfin d’un mec lambda très très centré sur lui-même rencontré au campground… On en dira pas plus.
Direction Bishop pour un premier aperçu des paysages désertiques à l’américaine. Et comme le site se trouve être une des capitales mondiales du bloc, on aura vite fait de se mettre au rythme de ce sport : réveil plutôt tardif, café, recafé et pourquoi pas un autre café après tout ? On n’oubliera pas non plus de remplacer nos traditionnelles barres de céréales par l’attirail complet du bloqueur, à savoir réchaud, poêle et réserve de croque-monsieur pour le pique-nique (en même temps, le pain et le fromage américain passent mieux cuits que tel quel….). Si certains s’adaptent bien au farniente en goûtant à la sieste à l’abri des bloc, d’autres (enfin, celui qui reste, quoi) préparent le programme de blocs post-repas. On est hyper actif ou on ne l’est pas…

Notre campement derrière Bishop : bien exposé au vent, mais vue imprenable sur le coucher de soleil !

Paysage des Happy Boulders : à 10mn à pied de la route, cachés dans un canyon insoupçonné, des centaines de blocs aux formes fantasques qui permettent une escalade modérée et super-ludique.

Un peu plus haut en altitude, le site de bloc de « Buttermilk » se compose de magnifiques (et pas tous petits) oeufs de granites posés sur le sable. Magique !

Flo dans la traversée de l’homme de fer ! On a laissé tomber les casques pour se mettre à l’ambiance casquette de Baseball 🙂
Après deux jours passés entre les « blocs joyeux » et les blocs du « beurre de lait », la motivation pour la grimpe s’estompe gentiment et laisse place à une envie de pratiquer l’espace à l’américaine : de point de vue en point de vue avec le « AC on » dans la voiture. Départ donc pour une descente de la High Sierra avec l’idée de rejoindre Las Vegas, ses nuits de folies et ses femmes à moitié nues (c’est 10$ la photo, peut-être plus si tu veux afficher ta bouille sur facebook entre deux paires de fesses…). Un bien beau programme :-).
On fera une halte en chemin par le mont Whitney que Flo avait très envie de gravir par le circuit standard de 30km aller-retour. Heureusement qu’il n’y avait plus de permis pour ce jour-là, je n’ai pas évité mon service militaire pour m’infliger ce genre d’exercice sur mon temps libre ! Un petit détour par la ville fantôme de Keeler (qui aurait pu s’orthographier « killer » tellement l’ambiance y est morbide) à la recherche de sources d’eau chaude qui n’existent plus et nous voilà en train d’admirer la voie lactée dans le ciel encore non pollué de lumière de la Death Valley. Et quelques kilomètres plus tard, passés à regarder soucieusement la jauge de température du moteur qui souffre autant que nous de la chaleur du coin, nous voilà rendu à l’Excalibur de Vegas que Flo a réussi à réserver pour trois copecks grâce à sa nouvelle app’ « Hotels last minute ».
Le rythme effréné des longues voies oublié, place à la course endiablée des buffets « all you can eat » qui fait la célébrité de la ville après les casinos. Alors que les températures flirtent avec les 40° durant la journée, on aura vite compris que l’extravagance des lieux ne peut être comprise que de nuit (de jour, on comprend juste que Las Vegas, c’est moche). Parce que les villes européennes s’arpentent à pied, les européens que nous sommes avons testé Las Vegas de la même manière. Résultat : hôtel – buffet – hôtel –> 22 km et quelques heures de marche… Il fallait bien un exploit sportif après s’être rempli la panse (c’est d’ailleurs la seule activité qu’on vous recommande dans le coin) !

Si vous voulez un résumé de Vegas, c’est ça. Une interprétation de ce que la Vénus de Milo devait faire avant de se faire couper les bras…
Après ce petit détour par la ville « la plus inutile du monde », retour au real business. Et là, enchantement des enchantements, la rencontre avec un coin joli au possible, paisible et non fréquenté (ça nous changera du Yosémite et de Las Vegas) : les Needles au centre de la Sequoia National Forest. Ici, pas d’eau, pas de magasin à moins d’une heure de route et un camping gratuit. Pour que tout ça reste propre, les américains savent faire un truc tout simple que bien des sites européens de grimpe pourraient imiter : construire des toilettes sèches. Franchement, c’est tout con, mais ça change tout. Si certains trouvent que le Yosémite, c’est difficile, bin les Needles, c’est pas mieux Quasiment rien en-dessous du 5.9 et les cotations ont tendances à rapidement prendre l’ascenseur. Il paraîtrait que c’est le lieu où les bons « free climbers » de LA vallée (du Yosémite, on s’entend) viennent prendre un bol d’air frais et se frotter à de la grimpe de difficulté. Pour notre part, rien d’excentrique et de la toute belle grimpe sur des sommets aux noms (osons le dire) trop cools, entourés par des forêts immenses à perte de vue : magique ! On vous recommande de jeter un oeil aux voies « Fancy Free« , « Igor Unchained« , « Airy Interlude« , « Thin Ice » et « Spooky ». Toutes sont très belles et bien protégeables. En plus, l’accès est assez rapide et aisé, ce qui permet quelques enchainements !! Ne soyez par contre pas trop surpris si un F-22 fait du rase-motte au-dessus de votre relais…

Flo et « un mec très très centré sur lui-même » dans une tentative de grimpe simultanée dans « Airy Interlude »
Pour Roy, c’est le moment de rentrer à la maison et de retrouver sa chère et tendre. Pour nous, la route continue et les températures caniculaires des plaines nous poussent à reprendre de l’altitude. Comme la grimpe au Yosémite avait commencé par des classiques plutôt difficiles (oui, oui, les garçons se tirent la bourre), j’avais bien envie de faire un tour dans les grimpes modérées de la vallée et de profiter de grimper en tête. En promenant mon Valentin en bout de corde, j’ai compris pourquoi tout se monde se presse ici : l’imposant El Capitan, bien sûr, mais aussi toute une série de grimpes très très faciles d’accès avec des descentes aisées à trouver et des cotations franchement aimables du moment qu’on arrête de traduire sans arrêt les cotations américaines aux nôtres. Oui, les 5.8, 5.9 et 5.10 (le commencement du 6) peuvent sembler secs, mais on finit par comprendre quel est son style. Du coup, on a bien pu prendre notre pied dans les grandes longueurs de l’East Buttress de Middle Cathedral Rock, une superbe escalade parfois presque chamoniarde sur un granite coloré, ainsi que dans les envolées plus faciles de Superslide et After Six.

La version « Schweitz Plaisir » du Yosémite, à la sortie de L1 de « After Six ». Certains arbres prennent des teintes totalement inattendues !

On s’est amélioré : maintenant, le 5.6, c’est sans les mains ! Val teste son équilibre dans SuperSlide.

On a testé pour vous : libérer les anciens passages de dalle en artif. Heureusement que c’est bien spitté !!
De retour à Camp 4 donc, bercés entre amour et haine pour le lieu. On y rencontre des gens vraiment sympas, c’est sûr, mais les tentes dressées les unes derrière les autres n’offrent vraiment pas la même atmosphère que dans les Needles. De plus, on revient en pleine période de grimpe et les places se méritent. Une file d’attente d’une trentaine de personnes pour le jour de notre arrivée alors qu’il n’y a de la place que pour quinze personnes… On vous laisse imaginer la tête de la 16ème personne. Evidemment, certains s’énervent et déversent leur trop plein de testostérone nauséabonde sous la forme d’insultes franchement désagréables en accusant au hasard ceux qui attendent sagement leur tour depuis le milieu de la nuit. Camp 4, c’est aussi ça. Camp 4, c’est aussi une multitude de grimpeurs qui se scrutent et ne te parlent pas avant qu’ils entendent que t’as fait le Rostrum ou Moratorium. Bref, on retiendra plutôt nos sympathiques voisins mexicains, habitués du lieu depuis 1979…, qui nous auront donné l’envie de faire un tour par chez eux.
Nous voici donc au bout de nos six jours à Camp 4 où on aura profité de réveils matinaux histoire de ne pas griller au soleil. L’automne s’installe gentiment et les températures commencent à devenir respirables. On plie la tente et hop, un bout de route en plus !
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